Alejo Vidal-Quadras à l’Assemblée Nationale française

Intervention de M. Alejo Vidal-Quadras (président du Comité International ISJ) dans une réunion avec un groupe de membres de l’Assemblée Nationale:

 

Monsieur le Président

Mesdames et messieurs les députés,

Je suis vraiment heureux de me trouver parmi vous. Je remercie Messieurs les députés Christian Kert (vice-président du groupe UMP à l’Assemblée nationale) et Michel Terrot (secrétaire de la Commission des affaires étrangères et vice-président du Comité français pour un Iran démocratique) d’avoir organisé cette rencontre. Durant mes années au Parlement européen, j’ai gardé une très bonne relation avec les eurodéputés français, que je maintien toujours et c´est donc un grand plaisir pour moi d’être ici dans l’Assemblée Nationale aujourd’hui.

Comme vous le savez, après avoir passé 15 ans comme vice-président au parlement européen, je préside actuellement une Association Sans But Lucratif (ASBL) basée à Bruxelles en vertu du droit belge appelé le Comité international pour l’application de la Justice (ISJ). Nous avons formé ISJ en 2008 et nous nous sommes concentrés pour changer la politique européenne à l’égard de l’opposition démocratique iranienne, qui avait été la cible de plusieurs marchandages avec les mollahs. Nous avons réussi à obtenir le soutien de parfois 3 à 4 milliers de parlementaires en Europe, Canada, Etats-Unis et certains pays du Moyen-Orient. Le Conseil consultatif de l’ISJ est récemment élargi et comprend désormais de nombreux politiciens et personnalités internationales de haut niveau.

Notre réunion aujourd’hui se tient alors que l’Iran est plus que jamais au centre des préoccupations. Permettez-moi à ce propos, d’aborder trois sujets :

Tout d’abord le bellicisme de Téhéran dans la région, ensuite les hypothèses erronées à son égard et enfin nos points de vue sur l’accord nucléaire. Sur ce dernier sujet, j’ai présenté un rapport à Bruxelles le jeudi 20 Novembre 2014, juste avant la date butoir pour un accord entre Téhéran et P5 + 1 ; qui a été prolongé pour arriver à un accord-cadre en mars dernier et théoriquement aboutir à un accord définitif fin juin.

La question de savoir si le programme nucléaire iranien comporte un aspect militaire est au cœur de la crise liée à ce programme. Une réponse précise, correcte, et détaillée à cette question persistante est d’une importance capitale et est un élément indispensable de tout éventuel accord global entre l’Iran et P5 + 1. Je me trouve être un professeur de physique atomique et nucléaire à la retraite; c’était ce que je faisais avant d’entrer dans la politique espagnole il y a 26 ans. Et cette expertise sur ce domaine m’a aidée à mieux comprendre les dangers pour que ce régime se transforme en une puissance nucléaire.

Le rapport d’ISJ a donné un aperçu des aspects les plus essentiels de cette question, et réponds aux questions fondamentales posées depuis plus d’une décennie sur le caractère militaire du programme.

L’étude a fait appel à tous les rapports de l’AIEA depuis 2003 (l’année où le programme nucléaire clandestin de l’Iran a été placé sous le feu des projecteurs suite à la révélation des sites secrets de Natanz et d’Arak par le Conseil National de la Résistance Iranienne en 2002), les études et rapports crédibles d’organisations non-gouvernementales et aussi les informations provenant de l´intelligence du NCRI à l’intérieur du pays.

Mais avant d’entrer dans le détail sur le nucléaire, je voudrais commencer en soulignant que la dictature théocratique en Iran est le principal facteur d’instabilité régionale. (c’est l’objet d’un deuxième rapport que j’ai présenté en février dernier dans un rencontre similaire a ce que vous avait organisé ce matin, mais au Parlement britannique).

Le régime iranienne dirige au moins une dizaine de milices terroristes dans la région et envoie des armes aux groupes intégristes islamistes en Afrique. Son intervention a poussé quatre pays dans le chaos : l’Irak, la Syrie, le Liban et le Yémen. Mais ce n’est pas une marque de puissance.

Les commandants des gardiens de la révolution ont plusieurs fois expliqué que s’ils arrêtaient leur ingérence dans ces pays, ils seraient obligés de se battre à Téhéran contre la population révoltée.

Sans ces interventions et sans la bombe atomique, le pouvoir du Guide Suprême va fondre rapidement ce qui va bouleverser le rapport de force entre la dictature et la société iranienne.

Je suis profondément convaincu que ce qui se passe, marque le déclin du régime. Un « colosse aux pieds d’argile ». Ce déclin est visible partout, surtout dans la société iranienne. Après la révolte de 2009, une répression féroce a étouffé le mouvement de protestation. Mais désormais, il est a nouveau en plein développement.

L’an dernier, il y a eu cinq mille sept cent (5700) mouvements de protestations, et les mouvements des enseignants et des ouvriers se développent chaque jour. Dans le domaine économique le taux de chômage est à 40%, le taux de croissance est de moins 1 % et l’investissement étranger est nul.

Ce n’est pas sans raison si les exécutions ont augmenté en Iran. Sous le mandat de Rohani, il y a eu 1500 exécutions. Le régime se sent plus que jamais vulnérable.

Le déclin du régime apparaît aussi sur le plan régional, y compris en Syrie et en Irak. Au Yémen, avec la conquête de ce pays, les mollahs ont voulu se placer dans un rapport de force plus favorable. Mais la coalition arabe a renversé la situation contre Téhéran.

Ce tableau permet de répondre aux fausses hypothèses :

L’hypothèse de considérer le régime iranien comme un allié naturel de l’Occident en raison de la lutte contre Daesh, est une erreur dangereuse. Car les mollahs veulent étendre leur hégémonie en Irak et en Syrie. Plutôt que de combattre Daesh ils ont mené une terrible épuration des sunnites.

L’hypothèse de ramener les mollahs au sein de la communauté internationale est une illusion. Ils considèrent toute adhésion aux normes internationales comme néfaste.

Et ce ne sont pas des voyages parlementaires à Téhéran qui vont le modérer. Bien au contraire, le régime profite de ces relations pour intensifier les violations des droits de l’homme. La propagande des mollahs pour se faire passer pour une super puissance régionale, n’a pas de sens,

Car ce régime qui est le principal élément d’instabilité régionale est profondément instable de l’intérieur. Malgré les efforts du lobby de cette dictature, de plus en plus les chancelleries en Europe, considèrent ce régime comme un obstacle à la stabilité du Moyen-Orient.

Cependant, je dois souligner qu’il existe une solution.

– C’est armer les forces sunnites et les tribus irakiennes pour combattre Daesh,

– C’est aider l’opposition modérée syrienne à écarter la dictature de Bachar-Assad

– et c’est chasser les forces du régime iranien d’Irak et de Syrie.

L’intégrisme islamiste et son terrorisme qui domine la région depuis l’arrivée du régime des mollahs en Iran, vont disparaître quand ce régime disparaîtra.

Le programme nucléaire des mollahs est un défi important pour la paix et la sécurité.

Malheureusement, les gouvernements occidentaux et particulièrement les Etats-Unis, n’ont pas respecté les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU sur ce programme.

Ils ont fait de nombreuses concessions rapprochant plus que jamais le régime iranien de la bombe atomique. Pour Khamenei, le Guide suprême du régime, les événements en Irak et en Libye rendent indispensable la bombe atomique pour empêcher le renversement de son régime. C’est pourquoi les mollahs utilisent tous les moyens pour tromper leurs interlocuteurs et violer leurs engagements afin d’arriver à la bombe.

Le gouvernement iranien n’a jamais respecté leurs engagements vis-à-vis de la Troïka européenne en 2005, car ils ont brisé les scellés des sites d’enrichissement et n’ont pas respecté 12 résolutions de l’AIEA et 6 du Conseil de sécurité de l’ONU.

Je voudrais souligner ici plusieurs points :

1-Les mollahs considèrent la bombe atomique comme une garantie de leur survie et un moyen pour dominer la région. La Fatwa de Khamenei sur l’interdiction de l’arme nucléaire par l’islam, est une tromperie. (Khomeini avait appris à Khamenei que pour les intérêts du régime « le guide suprême peut annuler les engagements religieux pris devant le peuple ».)

2-Le projet nucléaire civil est une couverture du programme militaire parce-que l´Iran n´a pas besoin de cette source d´énergie pour produire de l’électricité ; l´Iran est riche en combustible fossile du quel est un exportateur.

3- La bombe atomique, les violations des droits de l’homme, l’exportation de l’intégrisme et du terrorisme sont les quatre piliers de la théocratie en Iran. Le respect des droits de l’homme en Iran et l’éviction des mollahs et de leurs agents de l’Irak, la Syrie, le Liban, le Yémen et l’Afghanistan sont de vrais critères démontrant que le régime a bien renoncé à la bombe.

4- Prolonger de 6 ou 9 mois la durée du « break out » pour un régime qui a trompé et dissimulé pendant 30 ans, n’est pas une solution. La seule garantie, c’est l’application complète des 6 résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU et l’arrêt complet de l’enrichissement. Il faut aussi contraindre les mollahs à fermer les sites nucléaires et à arrêter les projets d’armes de destruction massive et de missiles.

5- Il faut des inspections inopinées de tous les sites militaires et civils.

6-Le régime doit répondre aux questions sur les dimensions militaires de ses projets atomiques, les experts nucléaires et les réseaux clandestins qui fournissent les équipements de son programme.

7- L’hypothèse qu’il est possible de rétablir les sanctions contre le régime en cas de violations de ses engagements n’est ni pratique, ni réelle, ni logique. Il ne faut pas lever les sanctions tant que les mollahs n’auront pas définitivement renoncé au nucléaire, car ils voudront dépenser cet argent pour acheter de l’armement et pour continuer a développer son projet de domination de la région.

8- Trente-six ans d’expérience avec ce régime montrent que les mollahs au pouvoir comprennent seulement le langage de la fermeté.

Il faut reconnaître le droit du peuple iranien à résister pour la démocratie et les libertés fondamentales.

Et il faut dialoguer avec l’opposition principale – et la plus organisée – dont la Présidente, Maryam Radjavi, vient d’être auditionnée officiellement par la Commission des Affaires Étrangères du Congrès américain.

J’espère que la France, qui a joué un rôle dissuasif face à la politique de complaisance pendant les dernières négociations prendra les initiatives nécessaires pour barrer la route de la bombe atomique aux mollahs.

Je vous remercie,

Alejo Vidal-Quadras

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